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Les arriérés de la caisse de compensation marocaine atteignent 5 milliards

Le Maroc s'approvisionne, jusqu'à maintenant, à 100,7 dollars le baril de pétrole brut. La compensation s'alourdit de plus en plus, mais le gouvernement maintient son cap.

Le marché l'attendait depuis plusieurs mois, c'est désormais une réalité. Le pétrole a pulvérisé la barre des 130 dollars sur les marchés internationaux. Jeudi 22 mai en début de matinée, le baril valait 135 dollars sur le marché de New York. Cette flambée ininterrompue des cours sur les marchés internationaux n'étonne plus les entreprises et les Etats qui, la hausse étant bien installée, ne pensent plus qu'à amortir les effets d'un tel niveau des cours sur leurs situations financières.

C'est le cas des autorités financières marocaines, qui ne cessent de crier haut et fort qu'elles maîtrisent parfaitement la situation quel que soit le niveau des cours. La dernière position du rninistre de l'Economie et des finances par rapport au sujet n'apporte rien de nouveau. Salaheddine Mezouar a réaffirmé que «l'Etat était en mesure d'honorer ses engagements liés à la compensation». Pourtant, Najib Benamor, directeur général de la caisse de compensation, n'hésite pas à dire que ce trend haussier des produits pétroliers est «inquiétant». «Personne ne sait où l'on va», affirme-t-il. «Mais aucune mesure gouvernementale n'a encore été engagée pour contrer cette flambée», ajoute-t-il. En attendant une réaction du gouvernement, le système de compensation demeure inchangé. Valeur d'aujourd'hui, les arriérés de la caisse pour les hydrocarbures se chiffrent à 5 milliards de DH (pétro­le raffiné et gaz butane). La caisse de compensation compte rembourser 1,5 milliard de DH, incessamment. «Mais ces montants demeurent très volatiles. Il suffit que de nouveaux dossiers de maintien des prix tombent pour que cette somme augmente de milliards de DH supplémentaires», explique Benamor. Autrement dit, l'envolée des dépenses de compensation n'est pas près de s'estomper. Le directeur du Trésor et des finances extérieures, Zouhaïr Chorfi, est le seul responsable dont le discours a changé par rapport au dossier de la compensation. Lors de sa dernière sortie médiatique, le directeur du Trésor a affirmé pour la première fois que si on tarde encore à mettre en place un système de ciblage de la compensation, il faut s'attendre à une dégradation des indicateurs financiers que le Trésor a mis des années à équilibrer. Sans parler de la balance commerciale dont le déficit devient insupportable. Mais pas question pour Chorfi de laisser tomber les arriérés de la compensation. Il affirme que l'Etat les assumera quel que soit le niveau des cours. Mais si ces derniers continuent à augmenter, il sera obligé de grignoter sur des dépenses plus importantes, dont l'investissement, pour éponger les arriérés.

L'impact de la conjoncture sur le budget de l'Etat donne raison à Chorfi. Le Maroc s'approvisionne désormais à un cours supérieur à 100 $ (100,7 $) contre 95 $ en février. C'est Sarnir, le seul importateur de brut au Maroc, qui communique ce niveau de prix. Il découle de la moyenne des approvisionnements, tous produits confondus, calculée chaque 15 jours. De ce fait, la facture pétrolière aurait dépassé la barre des 10 milliards de DH. Elle se chiffrait à 8,13 milliards de DH à fin mars, selon les dernières statistiques de l'Office des changes.

Le budget de l'Etat n'a pas que la flambée de la facture pétrolière à gérer. Rappelons qu'à fin mars dernier, la facture céréalière se chiffrait à 5,5 milliards de DH. Avec des cours internationaux du blé qui ne cessent de se renchérir, on devrait s'attendre au pire.

Nouaim Sqalli
Source: Le Soir Echos

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