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Télécoms. Un ami de l'ONA à l'ANRT

Azzeddine El Mountassir Billah est le nouveau DG de l'ANRT. Ingénieur télécoms de formation, mais aussi très proche du holding royal, il aura à gérer le dossier de l'interconnexion.

Azzeddine El Mountassir Billah est le nouveau directeur général de l'Agence nationale de la réglementa­tion des télécommunications comme nous l'annoncions dans notre pré­cédente édition. Il remplace ainsi Mohamed Benchaâboun, bombardé président-directeur général du grou­pe Banques Populaires. La tâche du nouveau venu à la tête du régu­lateur du marché télécoms ne sera pas des plus aisées. En effet, tous les directeurs de l'ANRT ont eu à affronter le monstre concurrentiel dans un contexte de pression po­litique et commerciale. Mustapha Terrab, l'actuel PDG de VOCP, a eu à recoudre avec Maroc Telecom et l'Etat, son actionnaire unique à l'époque de sa privatisation. Othman Demnati, son successeur, avait fait le mort, provoquant la colère de Méditel qui se disait lésé par la position dominante de son concur­rent principal. Benchaâboun a eu à relancer le cycle de la libération interrompu par le veto de Abderrahmane Youssoufi, l'ancien Pre­mier ministre, et la capitulation de Terrab. Et contrairement à ce der­nier, Benchaâboun a su surfer sur la vague. Durant son mandat, l'atmosphère s'est apaisée car les opé­rateurs avaient compris que l'affron­tement ne menait à rien. Place à la négociation sur le dégroupage, les tarifs de l'interconnexion, la porta­bilité... Plusieurs étapes ont ainsi été franchies mais reste l'essentiel. Interrogé par «Le Soir échos» sur les enjeux du poste pour son suc­cesseur, Benchaâboun explique que «El Mountassir aura à réguler la concurrence, surtout que le troisième opérateur entame l'exploitation de la mobilité totale». Le mot est dit, la concurrence. Ingénieur télécoms de formation et banquier de carrière (Crédit du Maroc, CIH à l'époque de la restructuration...), El Moun­tassir a présidé aux destinées d'Interbank avant de se voir confier la direction de Maroc Télécommerce, une grande plate-forme de vente en ligne initiée par quatre banques de la place. Sa formation et son expé­rience dans le secteur des nouvelles technologies de l'information le des­tinaient à ce poste. Cela n'empêche qu'une question reste posée : est-ce qu'il a eu besoin d'appui pour être là où il est aujourd'hui ? Les avis sont partagés. Pour certains, son amitié avec Benchaâboun est un indice. En effet, des observateurs croient dur comme fer que le patron de la BP a plaidé pour la nomina­tion d'El Mountassir. Inversement, d'autres précisent que le nouveau DG de l'ANRT était sur une liste de plusieurs noms et que le gou­vernement a tranché pour lui, vu son CV. Ils avouent, quand même, que sa proximité de l'entourage de l'ONA l'aurait aidé. «L'homme est connu dans le cercle du holding royal», glisse un proche des milieux patro­naux. Notre source, qui a requis l'anonymat, va jusqu'à lui attribuer une amitié avec Karim Zaz, PDG de Wana. Chose qui pourrait don­ner des sueurs froides aux opéra­teurs télécoms de la place.

Mais nuançons : l'homme, que ce soit en «on» ou en «off», est ré­puté pour sa droiture, son compor­tement exemplaire et sa capacité à faire la part des choses, surtout dans un secteur où amitié ne rime pas avec concurrence déloyale. Le marché ne tardera pas à voir le régulateur à l'oeuvre. Dans moins de deux mois, Wana lancera son offre de mobilité totale (offre de téléphonie mobile couvrant tout le territoire national) et se posera dès lors, la lancinante interroga­tion sur les tarifs d'interconnexion. Si au niveau du dégroupage, Ben­chaâboun a balisé le terrain avant de partir, les prix de location des infrastructures télécoms mettrons El Mountassir face au feu. Réussira-t-il cet examen ?

Khalid Tritki
Source: Le Soir Echos

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