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Salon de l’aéronautique: Etrange report

La nouvelle est tombée comme un couperet. Le salon de l’aéronautique Aéroexpo qui devait se tenir à Marrakech du 24 au 27 octobre est reporté de trois mois. Une nouvelle date est fixée du 23 au 26 janvier 2008. Selon un communiqué d’IEC, agence organisatrice du salon, ce changement a été imposé par les autorités marocaines.

Si certains sont contents et voient une occasion de «reculer pour mieux sauter», d’autres sont plutôt amers. «Ce sont trois mois de plus pour se préparer», déclare une source proche de l’organisation. Mais, il est fort possible que des exposants qui s’étaient engagés pour la première date, annulent purement et simplement leur participation. «Nous perdrons certainement des exposants, mais nous en gagneront d’autres», confirme Frederik Lehanaff, commissaire du salon.

Mais de manière générale, on grince des dents. Les pertes liées à ce report sont quantifiées à plus de 15 millions de DH. «C’est un coup dur pour l’organisation et les exposants», affirme un opérateur. Les déficits sont dus notamment aux frais de «no show» dans les hôtels. Plus de 600 chambres ont été retenues pour la durée du salon, voire plus. Les stands affrétés d’Europe sont déjà presque tous installés sur une superficie de 1 hectare. A noter qu’il a fallu 10 semi-remorques pour transporter la charpente.

Dans le lot, des pertes sèches qui sont irrécupérables et des prestations que l’organisateur devra renégocier. Mais la plus dure, sera certainement la perte de crédibilité de l’évènement. D’autant plus que Aéroexpo avait de grosses ambitions et représentait de grands enjeux, notamment par la création d’une plate-forme africaine pour le secteur aéronautique. De fait, la manifestation dédiée aux industries et services aéronautiques à la fois civils et militaires devait se positionner comme le 1er salon international en Afrique du Nord. L’objectif était de créer un espace d’échanges entre les opérateurs locaux et internationaux. Bref, un salon B to B qui devait accueillir plus de 200 entreprises étrangères opérant dans le domaine de l’aéronautique et quelque 80 appareils.

Des démonstrations d’héliportage, de sauvetages étaient au programme, ainsi que des vols de Rafales, fameux avions de combat français construits par Dassault. Ce dernier, d’ailleurs, comptait sur le salon pour faire une dernière opération de charme pour vendre ses appareils au Maroc.

Mais, les Américains sont aussi en lice pour écouler 36 appareils d’occasion F-16 au prix de 1,41 milliard d’euros. Les 18 Rafales coûtent, eux, 2,3 milliards d’euros. En effet, outre l’offre de prix, les lobbies américains et français se livrent une bataille sans merci pour forcer la décision des autorités marocaines. Et les dernières rumeurs donnent une longueur d’avance aux Américains. Toujours selon les bruits de couloir, l’option pour les F-16 aurait été à l’origine de la déprogrammation du salon. D’autres pensent que la cause serait liée à la visite de Nicolas Sarkozy. Le déplacement du président français serait ainsi l’ultime chance pour le constructeur français de vendre ses Rafales au Royaume.

Gros enjeux
«AÉROEXPO est un événement de taille. Il cible l’ensemble de l’industrie aéronautique et colle parfaitement aux ambitions tracées par le gouvernement marocain», déclarait Gael Pineau, PDG d’IEC, à L’Economiste. Il s’agissait notamment de faire du Maroc, une plate forme africaine que ce soit pour la maintenance, la formation ou l’entretien.

Badra Berrissoule
Source: L'Economiste

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