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Un accord d'envergure entre Renault et le Maroc

A moins d'une semaine des élections législatives marocaines, le gouvernement vient de boucler un accord d'envergure pour l'économie du pays. En présence du roi Mohammed VI, le premier ministre marocain, Driss Jettou, et Carlos Ghosn, PDG de Renault et de Nissan, ont signé, samedi 1er septembre, un protocole d'accord pour la construction d'une usine située dans la nouvelle zone franche de Melloussa, adossé au port de Tanger-Méditerranée (Tanger-Med).

Les deux constructeurs automobiles ont prévu d'investir d'ici 2015 jusqu'à 1 milliard d'euros : 600 millions pour l'usine elle-même et entre 200 et 400 millions pour les véhicules qui y seront produits. Huit ans après leur rapprochement, l'alliance Renault-Nissan réalise là son plus gros investissement. Un accord doit être finalisé fin 2007.

L'initiative de ce projet revient, selon M. Ghosn, au premier ministre marocain. "Il est venu me voir à Paris en février 2007. Nous avons bouclé cet accord en un temps record. Les discussions n'ont commencé qu'en juin", explique M. Ghosn. Pour convaincre le PDG, le gouvernement a déroulé le tapis rouge. Un terrain d'une superficie de 300 hectares sera mis à la disposition des deux constructeurs. Il sera relié au port par une voie routière et une ligne ferroviaire dédiées.

6 000 EMPLOIS DIRECTS

Avec l'artisanat, le textile, l'industrie aéronautique et l'offshoring - la délocalisation d'investissement étrangers -, l'automobile est l'un des piliers de la croissance de l'économie répertoriés dans le plan Emergence élaboré, en mars 2005, par le cabinet McKinsey pour le gouvernement.

Renault produira dans cette usine, des véhicules à bas coûts dérivés de la plate-forme Logan (pick-up, utilitaires...) vendus sous les deux marques Renault et Dacia suivant les pays où ils seront commercialisés. De son côté, Nissan assemblera un véhicule utilitaire à bas coûts, "encore sur la planche à dessin" selon M. Ghosn, vendu autour de 10 000 dollars (7 328 euros). "Ce site aura une capacité opérationnelle de 200 000 véhicules, à partir de 2010, et de 400 000 au total", indique-t-il.

Cette usine va permettre de créer près de 6 000 emplois directs auxquels s'ajouteront 30 000 supplémentaires grâce aux équipementiers étrangers et locaux en cours d'installation ou déjà présents. Il y a une quinzaine de jours, le Maroc a signé une convention avec l'américain Delphi pour l'installation d'une nouvelle unité de production de composants automobiles à Tanger pour un investissement de 300 millions de dirhams (26,7 millions d'euros). Valeo de son côté doit annoncer mercredi 5 septembre un investissement de 30 millions d'euros.

La répartition de l'investissement et de la production entre Renault et Nissan n'est pas encore bouclée. Mais l'objectif affiché est clair : cette usine, dont le management sera confié à Renault, doit permettre au constructeur français de faire face à son manque de capacité de production de Logan. D'ailleurs, dans le même temps, l'usine de la Somaca installée au Maroc verra sa production passée de 30 000 à 80 000 Logan. "Nous sommes en sous-capacité actuellement, reconnaît M. Ghosn. Et, nous sommes incapables de poursuivre le programme Logan si nous ne construisons pas cette usine." De fait, certains lancements ont été retardés du fait de ce problème. La Logan MCV (break) n'a ainsi été lancée que dans deux pays.

Si jusqu'à présent, les usines Renault hors d'Europe servaient à satisfaire la demande locale, les véhicules produits dans cette nouvelle unité de production seront destinés à l'exportation à 90 %. L'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et certains pays d'Afrique concentreront le solde.

Manifestement, ce n'est plus en Europe de l'Est que le constructeur automobile veut concentrer sa production. "Nous privilégions désormais les pays à bas coûts en dehors de la zone euro. Si l'on se projette à cinq ans, il y a plus de chance que le Maroc soit meilleur marché que la Roumanie ou encore la Turquie", souligne le patron de Renault-Nissan.

M. Ghosn refuse de parler de délocalisation. "Aujourd'hui notre problème est le manque de capacité dans les véhicules à bas coûts. J'exclus de fabriquer la Clio au Maroc d'ici à cinq ans", a-t-il assuré.

Nathalie Brafman
Source: Le Monde

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