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Reconsidérer les rapports pour une relation authentique et durable avec le Maroc

Plus d'un million de Marocains ou de Français d'origine marocaine vit en France. Cette population est la plus grande population de Marocains expatriés. Globalement homogène dans ses premières vagues d'immigration, sur le plan socioprofessionnel, elle est de plus en plus variée et diversifiée. Nous n'y retrouvons plus que des ouvriers ou de la main d'oeuvre qualifiée. Des cadres et des compétences de haut niveau composent sa texture actuelle.

Les Marocains de France constituent une manne financière considérable de par les transferts de devises qu'ils opèrent à partir du territoire français. Cette manne sert majoritairement à la consolidation d'un secteur économique archaïque dont le secteur immobilier, sans embrasser d'autres secteurs générateurs d'emplois et de richesses actives.

Il est évident que la nature des investissements est tributaire d'une certaine maturation mais aussi de l'appréciation des instances marocaines et de leur crédibilité. En effet, la lourdeur des démarches et les complications administratives constituent un véritable frein à l'investissement, sous d'autres formes.

Une politique d'incitation à l'investissement engageant les principes de la transparence, de l'implication et du partenariat tarde à venir. Les modèles d'incitation actuels sont obsolètes. Elles sont dé-corrélés de la réalité des attentes des Marocains de France dans leur diversité.
Les discours d'incitation à l'investissement continuent à puiser dans l'imaginaire de l'immigré préoccupé par le retour à son pays d'origine et d'y construire un logement.

Le Marocain de la deuxième et troisième génération, les cadres dynamiques et investisseurs sont porteurs, cependant, d'autres aspirations. Ils ont des préoccupations distinctes et vivent leurs rapports avec leur pays d'origine d'une manière différenciée.

Ne pas tenir compte de cette dissimilitude, de ses potentialités avérées, l'appréhender par une approche globalisante et unilatérale participe à la confusion, évince une génération de Franco-marocains riche en initiatives nécessaires au développement du Maroc.

Maintenir un discours dépassé, empreint d'approximation et réduit à des actions conjoncturelles a ses limites. Il n'est pas en mesure de fonder une synergie établie sur des bases communes d'entente.
Une synergie est de principe égalitaire et partenariale. Elle associe les deux parties durablement dans une continuité d'apports, d'échanges responsables, actifs et constructifs.

Préalablement, l'identification des potentialités marocaines ou françaises d'origine marocaine est nécessaire. Elle est certes laborieuse. Elle est rendue difficile par les effets de certaines associations ou représentations. Elle l'est aussi par la crainte ancestrale du politique et du makhzen. Ces réalités et d'autres ont été et restent un frein à la mobilisation des Franco-marocains et à leur implication spontanée dans le développement de leur pays d'origine.

La revalorisation de l'héritage lourd et des archétypes du makhzen, de l'administration et même de l'immigré vu du Maroc est nécessaire. Elle permettra de re-exprimer les ambitions, de les formaliser en objectifs clairs et précis et d'y associer la transparence fondamentale à leur aboutissement.

La cartographie de ces potentialités pourra définir les horizons à édifier, les acteurs appropriés à mobiliser des deux rives, ainsi que les plans d'actions à mettre en oeuvre dans le cadre de projets à évolutions mesurables.
Des politiques d'incitation à l'entreprenariat, qu'elles soient fiscales ou administratives, sont à garantir par des commissions mixtes de suivi et de vigilance.

Le contexte et la conjoncture actuelle interpellent les Marocains dans toutes leurs composantes pour une cause suprême. Après l'intégrité territoriale, il y a l'intégrité sociale et économique à assurer et à préserver pour une vie dans la dignité, la démocratie et la liberté de tous les citoyens. Ceci est loin d'être l'affaire d'une minorité ou d'une partie, mais l'affaire de nous tous pour un Maroc stable et prospère.

Docteur Mounir FERRAM
Enseignant et chercheur universitaire à Paris
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