Le Maroc évolue dans un contexte national et international mouvants et interdépendants. Il répond comme, tout Etat, à des exigences politiques, économiques et sociales qui participent à sa mutation.
Les modes de gouvernance instruisent sur les degrés de pertinence et de performance d’un Etat. Ceux-ci peuvent engendrer des évolutions ou des involutions, à différents niveaux. Leurs effets peuvent aussi ne transparaître que dans la durée pour être visionnaires. Le pouvoir alterne les deux approches: il régit le présent et décrypte dans l’avenir ce qui est en mesure de renforcer ses structures.
La pratique de la politique n’agit pas isolément d’un héritage et de conjonctures. La culture du pouvoir, sa structure inspirent et codifient l’exercice des droits et des devoirs. La démocratie est un processus complexe, engageant similairement les citoyens et leurs gouvernants. De la rencontre des deux, naît la volonté et la conviction de sceller un pacte, de consolider les acquis démocratiques et de raffermir le développement du pays.
L’étude sur le Développement Humain au Maroc, présentée récemment au Souverain marocain, se voulant « indépendante » et « objective » a établi une évaluation du passé ou de l’existant. Elle en a soulevé des constats et énoncé des recommandations.
Il n’est pas inutile de rappeler que la finalité de cette étude est de procurer des connaissances et des idées pouvant générer un débat national. En découleraient des réflexions concourrant à la fondation d’un Etat moderne. En effet, la démarche s’inscrit dans le pragmatisme: Elle décline des préconisations sur la base de carences identifiées au regard de l’avenir.
Le bilan du passé, depuis l’indépendance, fait émerger des faits et des réalisations. Les attendus sont de « re-visiter » une partie de l’Histoire du Maroc et d’évoquer l’avenir, en tant que projet impliquant toutes les forces vives de la Nation.
Le rapport de la Commission Instance, Equité et Réconciliation corrobore, aussi, cette volonté d’aller de l’avant en traitant, en toute indépendance, les atteintes aux droits de l’Homme et en émettant des préconisations pour qu’il n’y ait plus de résurgence de ces années sombres. En témoigne cette liberté de ton qui s’exprime dans la recommandation de « la primauté du droit international des droits de l’homme sur le droit marocain »
La « catharsis » au sens psychologique du terme, l’affranchissement du poids et des « silences » du passé libèrent de beaucoup d’inhibitions et «de freins ». Il s’agit d’un préalable à une meilleure appréhension de l’avenir et à une dynamique sociale responsable.
L’Humain, rien que l’Humain en tant que « potentiel », en tant que « moteur » et en tant que « parachèvement de l’effort à consentir». Bien des domaines ont été investigués dans un souci de transparence et d’exhaustivité « conglomérés » sous ce concept qu’est l’Humain : la Société, l’Etat, le Potentiel Humain, l’Economie et la Gestion du Patrimoine au global.
L’analyse de ces « Déclinaisons de l’Humain» que ce soient en termes d’économie ou de politique est indubitablement tributaire d’un mode de gouvernance transversal qui irrigue l’ensemble, oriente, évalue, valide et réajuste en fonction d’une stratégie. Son « inclusion » dans le champ d’étude aurait été aussi d’un apport pertinent, afin de l’appréhender en tant qu’acteur agissant ayant sa part de responsabilité. L’occulter reviendrait à dire que l’économie et le social agissent en roue libre et sans «cadrage politique».
Les aboutissements des deux études soumises à l’opinion publique interpellent par leur vérité et par la nécessité d’en débattre dans un état d’esprit constructif, objectif et déterminé. Les aspirations de la jeune génération sont fortes et attendent une nouvelle sémantique de l’engagement, en totale rupture avec ce qu’elle a vécu, à ce jour.
Il semble convenable dans un premier temps de répandre les apports de ces deux études, d’élargir et de diffuser leur contenu de manière à le rendre perceptible dans son ampleur et dans sa gravité. Que la conscience de faire évoluer les choses atteint toutes les composantes de la société marocaine par le biais de la communication et de l’échange responsable !
Elle est un devoir national que les partis politiques se saisissent, également, de cette occasion pour réinventer une nouvelle approche des problèmes face aux défis à relever. Il leur revient d’établir de véritables programmes politiques qui soient en rupture avec les archaïsmes en associant les jeunes, en leur donnant l’envie de partager un destin collectif avec des idées novatrices. Leurs questionnements, leurs aspirations et leurs talents doivent s’exprimer pour passer d’une société de défaillance à une société de confiance inculquant les principes de la cohésion, de la solidarité nationale, de l’initiative et de l’entreprenariat pour affronter le monde de demain.
Docteur Mounir FERRAM
Enseignant, chercheur universitaire à Paris
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