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Interview: Abla Ababou vient de publier son premier roman

Abla Ababou, journaliste spécialisée en arts et culture, marchand d'art entre autres, vient de publier son premier roman, «Coup de lune», aux éditions du Rocher (France). Son opus a décroché le prix du premier roman de la ville de Dijon.

Ce premier roman n' est pas autobiographique, mais pourquoi ce choix d'écrire à la première personne ?
Le fait d'écrire à la lère personne me permet de faire rentrer le lecteur dans un monde intimiste et de faire de Myriam le personnage pivot du livre. Autour d'elle, gravite un large panel de personnages aussi différents les uns des autres et dont certains auraient tout aussi bien pu être le personnage principal.

Votre personnage principal semble coincé entre le poids des conventions et le désir de liberté. Que vouliez-vous exprimer par cet état de déchirement constant ?
L'adjectif «partagé» me semble plus approprié. En effet, à l'ère de la mondialisation, de l'ouverture des frontières entre les pays d'Orient et d'Occident, il est inévitable que des questionnements se posent pour les personnes confrontées à autant de liberté et de permissivité d'un côté et de tabous et de poids des convenances sociales de l'autre.
Ce questionnement mène-t-il inéluctablement vers un déchirement ? Je n'en suis pas sûre. Comme pour toute chose, dans ces deux types de culture, il y a à prendre et à laisser et c'est ce qui représente à mes yeux l'enrichissement de la multi-culturalité.

Tourments sentimentaux ou conflit de culture, avez-vous trouvé la réponse à ces interrogations qui semblent éprouvantes ?
Pourquoi trouver une réponse ? Le livre ne fait que relater les états d'âmes d'une galerie de personnages, qui en quête d'amour, qui d'aventures, qui de transmission de valeurs...

Aziz, un prétexte pour une femme qui aime l'amour ? Un rêve brisé sans espoir de retour ?
Aziz et l'adultère ne sont qu'un prétexte pour traiter un des aspects de la thématique de «l'amour impossible». Nombreux ceux qui, homme ou femme, adolescent ou adulte ont été confrontés à un amour impossible, pas forcément lié à une histoire adultérine. L'amour impossible, du faitde la société, du poids des convenances, des traditions, ou de milliers d'autres raisons, mène inéluctablement au rêve brisé, dans certains cas avant même d'avoir pu exister.

Moha, le libertin, que représente-t-il dans le petit monde de Myriam ?
Moha est la petite voix intérieure présente chez tout un chacun : la voix de la conscience, de la raison protectrice et de la déraison destructrice, parfois. Moha est à la fois l'ange et le démon qui accompagnent chaque être humain.

Les aventures de Myriam sont-elles issues d'un goût prononcé pour les nouvelles expériences ou une fuite de soi, de sa nature profonde ?
Un peu les deux. En fait, elle est représentative de ces femmes qui vivent un peu entre deux états d'esprit contradictoires. Ses actes sont une manifestation de sa constante hésitation.

Rita, la femme libérée, l'égocentrique est-elle 1'alter ego de Myriam ou l'image de ce qu'elle ne veut pas être, ou encore ce qu'elle aimerait être sans l'avouer ?
Rita est la femme libérée de tout attachement, en quête perpétuelle de nouvelles expériences, a contrario de Myriam, amoureuse éperdue, qui ne se lance dans d'improbables aventures que pour fuir la souffrance de son amour impossible. Sa nature profonde n'est qu'idéal amoureux.

Et Abla Ababou, celle qui se cache derrière ce petit monde, elle est où dans tout ça ?
Elle est partout et nulle part. On ne peut pas écrire un roman sans que la personnalité apparaisse quelque part. C'est inévitable

Roman: Coup de lune

La jeune Myriam souffrirait-elle d'un coup de lune, expression arabe poétique et languide pour désigner le bon vieux coup de blues occidental ? Il faut dire que sa vie amoureuse n'est pas de tout repos...

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Propos receuillis par Mustapha Bourkadi
Source: Le Soir Echos

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