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Le darija au menu du Salon du livre de Tanger

Le darija et son statut littéraire sont une problématique abordée dans le cadre du Salon du livre qui se déroule à Tanger du 28 février au 4 mars.

De plus en plus, cette langue s’impose dans le monde des médias écrits, après avoir longtemps été reléguée au statut de langue orale. Selon Ahmed Lemseyeh, poète d’expression arabe et de darija, les sources mêmes du terme darija en arabe sont polémiques. La racine arabe du mot, selon Lemseyeh, est synonyme de mourir, le «darraj». Lemseyeh s’interroge aussi sur la répartition hiérarchique de l’utilisation du darija et de l’arabe dit classique. La première est limitée historiquement au rôle de langue de la plèbe, alors que l’arabe littéraire et, plus récemment, le français sont perçues comme les langues de l’élite sociale.

Selon Dominique Caubet, linguiste et professeur d’arabe maghrébin à l’Inalco, le darija est né dans les régions intermédiaires entre ces grands centres urbains et les ports maritimes méditerranéens et atlantiques. Au Maroc, c’est le cas du pays des Jebala, qui faisait office de zone tampon entre la région de Fès et les ports maritimes. Cette région a ainsi gardé sa langue d’origine tout en utilisant l’arabe.

Bilingues, les habitants sont ainsi favorisé la naissance d’une langue intermédiaire, entre le berbère et l’arabe, soit le darija.

Aujourd’hui, le darija gagne peu à peu ses lettres de noblesse. Il a investi les médias écrits et audiovisuels. Les auteurs n’hésitent plus à l’utiliser dans leurs ouvrages. Et le public semble apprécier cela, jugeant que le darija est la langue de proximité, du quotidien.
Pour Driss Ksikes, directeur de l’hebdomadaire Nichane, la bataille n’est pas encore gagnée. L’arabe reste la langue de la justice, de l’école et de la mosquée. Le dialecte darija est encore exclu des espaces «sérieux et officiels».

«Khbar Bladna»
Pionnière de l’édition en darija, Khbar bladna est une maison d’édition à part entière, dirigée par Elena Prentice. Tangéroise d’adoption, elle est surtout connue pour sa peinture. En plus d’un hebdomadaire du même nom, gratuitement distribué dans tout le Maroc, elle a publié plusieurs livres en dialectal. Il s’agit de recueils de poèmes en darija ou de livres de vulgarisation de thèmes tel le nouveau code de la famille.

L’année dernière, elle avait présenté au Salon du Livre l’une des dernières publications de Youssef Amine El Alamy, «Tkarkib Nab», dont une traduction approximative serait «Commérages». Il s’agit d’un recueil de personnages écrit en arabe dialectal et illustré par l’auteur.

Ali Abjiou
Source: L'Economiste

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