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Faouzi Bensaïdi : Son film s’exporte à la Mostra de Venise

Prouesse. Le nouveau film «WWW- What a Wonderful World», du réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, a été retenu par la 63e Mostra de Venise qui aura lieu du 31 août au 9 septembre dans la section Venice Days. Cette section est organisée pour la 3e année consécutive en marge du Festival de la Mostra de Venise (30 août - 9 septembre), avec l’appui de l’Association nationale d’auteurs de cinéma (ANAC) et les Auteurs et producteurs indépendants (API). Les 12 films retenus dans la sélection concourent pour le prix Luigi De Laurentis.

· L’Economiste: Vos films (Mille mois, Le mur, La falaise, Le cheval de vent...) raflent les honneurs et les prix. Quel en est le secret?
- Faouzi Bensaïdi:
Je ne sais pas... moi je suis hanté par ce que je n’ai pas fait ou ce qui me reste à faire. Orson Welles a réalisé et joué « Citizen Kane » à 25 ans ! alors... Lui aussi disait: «Par rapport à ce qu’a fait Shakespeare nous sommes des pauvres taupes». Je peux peut-être répondre par : le doute, le sentiment profond qu’il n’y a pas d’acquis, que chaque nouveau film est un début. Faire les films aussi pour des bonnes raisons, car les mauvaises y en a beaucoup: l’argent, la célébrité, le pouvoir.... Tout ça je ne le dis avec aucun sentiment d’héroïsme. Ce n’est pas facile chaque jour d’être exigeant, de mettre la barre très haut, de rester fidèle à son rêve; j’aurais aimé par moments accepter la facilité, le gain, l’à-peu-près ambiant mais on n’échappe pas à sa nature.

· Le prochain cap serait Venise pour y présenter votre dernier film «www- What a Wonderful World». Pourquoi ce titre? Et quel est votre message à travers ce film?
- Le titre m’a paru correspondre à ce que raconte le film: le destin des personnages qui se dessine, se noue, avec les nouvelles formes de communication, Internet, le portable, la modernité, la mondialisation, sauvage et galopante, et les nouveaux territoires de l’amour et des relations humaines, aujourd’hui, dans une ville comme Casa qui est le Maroc et le Monde.

· C’est décidé, votre place est plutôt derrière la caméra?
- Non, faire l’acteur me plaît bien, encore faut-il trouver le temps et le rôle; d’ailleurs je joue dans ce nouveau film.

· Selon votre parcours, pensez-vous que le 7e art marocain peut s’exporter ?
- Il peut mais il reste beaucoup à faire. Pour le moment il y a une présence dans les grandes messes du cinéma, Cannes, Venise, Berlin, et autres rendez-vous importants. Il y a une volonté et des moyens conséquents à l’échelle du pays, un désir du cinéma dans l’air.
Quelques films arrivent à être distribués commercialement hors du Maroc; mais en dehors des grandes nations du cinéma, le film marocain n’est pas attendu sur les marchés internationaux comme l’était le film iranien à un moment par exemple. Mais il faut croire, quelques films poussent les grandes portes.

· Par rapport à d’autres pays, pourquoi est-il difficile de trouver des fonds pour réaliser des films au Maroc?
- Par rapport au reste de l’Afrique et du monde arabe on n’a pas à se plaindre ; il y a le CCM, les chaînes de télé et tout le monde est conscient qu’il faut encore développer tout ça. Mais dès que le projet d’un cinéma d’auteur est ambitieux on est obligé de s’ouvrir sur l’international et la coproduction.
Même des auteurs mondialement reconnus ne peuvent plus faire autrement. Il reste le secteur privé, ce serait formidable s’il s’intéresse au cinéma mais cela suppose déjà un marché intérieur très fort, ce qui malheureusement est de moins en moins le cas avec tous les maux qu’on connaît tous, surtout le piratage qui est en bonne place.

· Quel est le budget de www- What a Wonderful World et la moyenne des budgets pour réaliser d’autres longs métrages?
- Le budget de www est autour de 1,8 million d’euros (ndlr: l’équivalent de 19,8 millions de DH). Il n’y a pas de moyenne pour réaliser un film. Au Maroc ça parait énorme mais en France c’est un petit budget.

· Quels sont vos projets?
- Se reposer d’abord, car j’ai fini le film début juillet et c’était un film difficile à toutes les étapes. L’écriture surprenait par sa différence, il fallait expliquer, convaincre ; un tournage difficile en plein Casa, la postprod avec les effets spéciaux et le temps que cela prend. Il me reste maintenant à suivre le film pour ses premières projections et puis petit à petit lui lâcher la main et s’occuper d’un autre.

Parcours
Faouzi Bensaïdi est né le 14 mars 1967 à Meknès. Après des études à l’Institut d’art dramatique de Rabat, il met en scène de nombreuses pièces de théâtre. Il suit en 1995 une formation d’acteur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. C’est en 1998 que son court métrage «The Rock» participe au Festival Molodist.
En 2000, son film «Trajets» reçoit la mention spéciale du Festival de Venise et participe au Festival de Cannes. Pour rappel, Bensaïdi avait été primé à la Mostra de Venise en 2000 pour son court métrage «Le Mur». Son premier long métrage «Mille Mois» avait remporté plusieurs Prix dont celui du Premier Regard et Prix de la Jeunesse de Cannes 2003, outre le Premier Prix du Festival du cinéma africain de Milan, le Grand Prix du Festival de Damas et le Prix spécial du jury du Festival de Namur... Bon vent !!!

Un avant-goût
Synopsis. Casablanca, une ville de contrastes, moderne et archaïque. Kamel est un tueur à gages qui reçoit ses contrats par Internet. Il a coutume d’appeler Souad, une prostituée occasionnelle, pour faire l’amour après ses exécutions. C’est souvent Kenza qui décroche. Elle est agent de la circulation, responsable du plus grand rond point de la ville. Bientôt, il tombe amoureux de cette voix et part à sa recherche. Hicham, un hacker professionnel qui rêve de partir en Europe, infiltre par hasard les contrats de Kamel...

Fatim- Zahra TOHRY
Source : L'Economiste

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