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Ce «Marock» qu’on aime…

Accueil triomphal pour le film «Marock», lors de sa sortie nationale. Réalisé par la jeune et talentueuse Leïla Marrakchi, ce film a déplacé, mercredi, des foules impressionnantes.

Plus d’un millier de spectateurs ont fait mercredi après-midi le déplacement au multiplex « Mégarama », à Casablanca, pour voir le film « Marock » de Leïla Marrakchi. Un début très encourageant pour ce premier long-métrage de la réalisatrice franco-marocaine, attendu impatiemment par les cinéphiles. Sa sortie en salles a finalement permis de mettre un terme à un suspense de plusieurs mois, ponctués d’attaques haineuses fomentées par les islamistes, relayés par la publication intégriste « Attajdid ». Après cette sortie publique, les cinéphiles auront enfin compris le pourquoi de cet acharnement frôlant parfois l’hystérie. En effet, c’est ce regard lucide que le film porte sur la bigoterie des « défenseurs » de la religion auto-désignés qui semble le plus déranger. Dans la bouche de l’héroïne du film, « Ghita », interprétée par la pétillante actrice Morjana Alaoui, on relève des expressions décapantes. Comme cette réplique qu’elle a assénée à son frère «Mao» qui, pour se racheter d’un accident ayant coûté la vie à un jeune pauvre, a dû se réfugier dans «la religion». «Enlève-moi cette barbe et tous ces trucs de la préhistoire», décoche-t-elle. Cette pique a remis le couteau dans la plaie du frère «Mao», nom qui rappelle cruellement les dérives sanguinaires de Mao Tsé-Toung. Ce nom lui restera collé comme une tache noire sur le front, en dépit des efforts «théologiques» qu’il a déployés pour absoudre son «crime» passé. «Ghita», sa sœur, se présente ainsi comme sa «mauvaise conscience». Nous sommes face à un «clash» considérable.
Le frère et la sœur sont porteurs d’idéologies différentes. «Ghita» incarne un idéal de liberté, alors que son frère a sombré dans la bigoterie. Résultat ? Une longue partie de bras de fer. L’intrigue se nouera davantage quand «Mao» a appris que sa sœur s’était entichée d’un jeune Marocain de confession juive, en l’occurrence «Youri Ben Chetrit». Relation vue également d’un mauvais œil par l’entourage familial de «Ghita», pour qui la liaison d’une musulmane avec un Juif n’est pas «religieusement correcte». «Ils vont me tuer s’ils apprennent notre relation », dit Ghita à son élu du cœur, avant de l’inviter à se convertir à l’Islam. «Vous les Arabes, vous voulez convertir tout le monde à l’Islam, mais de votre part, vous ne faites aucun effort pour nous comprendre», reproche Youri. En dépit de l’opposition familiale, «Ghita » a continué à fréquenter son amant. Dire que l’amour ne reconnaît pas de barrières «théologiques», c’est avant et après tout un sentiment humain. Au-delà de cette histoire émouvante, le film, qui se veut un hymne appuyé à la liberté, à la tolérance et à l’entente, est traversé de très beaux moments cinéphiliques. Se déroulant à Casablanca, il offre de très belles vues sur cette ville mythique.

M’Hamed Hamrouch
Source : Aujourd'hui le Maroc

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